Le supplément de L’Equipe du 21 avril consacre une double page au mouvement #Deixaelatrabalhar (« laissez-la travailler » en portugais), lancé par la journaliste brésilienne Bruna Dealtry après son agression par un supporter en mars dernier, alors qu’elle commentait un match au stade de Sao Januario. Le mouvement a été rapidement rejoint et soutenu par nombre de ses consoeurs.
Ensemble, elles ont réalisé un clip vidéo dénonçant les commentaires et comportements irrespectueux et sexistes dont elles sont victimes lorsqu’elles travaillent sur le terrain. Le résultat est en portugais et en espagnol, mais on en comprend l’essentiel:
Lors de l’édition 2017 du tournoi de Roland Garros, la journaliste d’Eurosport Maly Thomas avait été confrontée, en direct, au même type de situation: le tennisman Maxime Hamou avait tenté à plusieurs reprises de l’embrasser, tandis qu’elle s’efforçait de repousser ses avances tout en poursuivant son intervention.

Ces cas ne sont pas isolés et constituent le quotidien, lassant, de nombreuses journalistes politiques et sportives.
C’est ce qui fait écrire à Eric Froissard pour L’Equipe que « combattre le machisme est un sport d’endurance ».
Ce qui est tout à fait le sujet de Battle of the Sexes, sorti en novembre 2017. Le film romance l’histoire vraie de Billie Jean King (interprétée par la merveilleuse Emma Stone), numéro 1 mondiale de tennis en 1973.

Révoltée par l’équivalent sportif du plafond de verre, elle revendique le droit des tenniswomen à être payées autant que leurs confrères.
On la renvoie dans ses filets mais elle ne se laisse pas démonter pour si peu.

Face au refus obstiné du président de la Fédération américaine de tennis, elle décide de créer la Women’s Tennis Association et se lance dans une campagne médiatique avec d’autres joueuses professionnelles.
Leurs matches attirent autant de public que ceux de leurs homologues masculins, et pourtant la Fédération persiste à ignorer leurs demandes salariales et refuse de réintégrer les joueuses mises au banc. Dans ces conditions, Billie Jean finit par accepter le défi lancé par Bobby Riggs, ancien numéro un désabusé et désormais à la retraite: ils s’affronteront, lui le « macho », elle la « féministe », dans une « bataille des sexes ». Malgré leur différence d’âge importante (elle a 29 ans, lui 55), les commentateurs sportifs, les parieurs et l’ensemble du monde du tennis sont convaincus que la victoire est assurée pour Bobby Riggs. La numéro Une mondiale mettra toute sa détermination en jeu pour leur prouver le contraire, lors d’un match légendaire qui oppose ces deux champion.ne.s issu.e.s de deux générations.
Mais tandis que l’audience bat tous les records, l’un.e des deux ne tient pas la distance.

Solidement campée sur la barre de son deuxième X, Billie Jean n’en démord, et fait mordre la poussière à cet adversaire qui se reposait sur l’équilibre pourtant précaire d’un Y unijambiste.
La raquette (nom féminin) de Billie Jean vient ainsi laisser une trace historique sur la joue du tennis.

Et, ce, justement, grâce à son endurance sur le terrain comme face au machisme.
Voilà ce que j’appelle une belle victoire sur les stéréotypes sexistes!
